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Sachantque tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime, il est souhaitable de favoriser l'expression au-delĂ  de l'Ă©motion, ou du retentissement. Cette pratique permettra d'Ă©viter quelques Tout ce qui ne s'exprime pas, s'imprime" Notre SingularitĂ© . PubliĂ© 11 fĂ©vrier 2019 21 septembre 2019 Par elsaeyraud « Pouvez vous vivre au quotidien sans avoir recours Ă  la 95 des managers ne sont pas satisfaits du systĂšme d’entretien annuel, 70% des collaborateurs considĂšrent que c’est une perte de temps et 70% des professionnels de la fonction Ressources Humaines l’estiment inefficace.. De plus en plus d’entreprises ont dĂ©cidĂ© de remettre en question ce face Ă  face jugĂ© trop procĂ©durier, parfois redoutĂ© et surtout inadaptĂ© aux besoins des Toutce qui touche mon corps touche mon Ăąme, et tout ce qui touche mon Ăąme trouve son expression dans mon corps. La sexualitĂ© en est la magnifique expression. Lorsque je suis saisi par une Ă©motion amoureuse, mon corps se dispose, s’ouvre Ă  l’amour. Quelle merveille ! C’est aussi pour cela que je ne peux pas faire n’importe quoi, ni avec le corps de l’autre, ni Ce qui ne s'exprime pas s'imprime" 25 Nov 2021. Dans notre sociĂ©tĂ©, dans certaines familles, et en fonction de notre Ă©ducation, nous avons parfois appris qu'il n'Ă©tait pas Musique Rencontre Du Troisieme Type Mp3. PubliĂ© le 24/08/2022 Ă  1616, Mis Ă  jour le 24/08/2022 Ă  1625 François Bayrou condamne les hurlements et les insultes qui polluent les dĂ©bats Ă  l'AssemblĂ©e nationale». Jean-Christophe Marmara / Le Figaro Je ne crois pas qu'une telle crise puisse ĂȘtre surmontĂ©e sans un immense effort national. Or l'idĂ©e mĂȘme d'un effort national semble souvent s'ĂȘtre effacĂ©e», affirme François Bayrou. Le prĂ©sident du MoDem François Bayrou estime, dans un entretien au Point publiĂ© mercredi 24 aoĂ»t, que la France va vers la crise la plus grave» qu'elle ait connue depuis la guerre», et qui ne pourra ĂȘtre surmontĂ©e sans un immense effort national».Cette prise de parole intervient le jour du Conseil des ministres de rentrĂ©e, au cours duquel Emmanuel Macron a une nouvelle fois insistĂ© sur la gravitĂ© des enjeux face Ă  la sĂ©rie de crises graves» sur le plan mondial, du conflit en Ukraine au dĂ©rĂšglement climatique.Effort national effacé»Mon sentiment profond est que nous allons vers la crise la plus grave que la France ait connue depuis la guerre», peut-ĂȘtre pire mĂȘme que la guerre d'AlgĂ©rie» 1954-1962, estime François Bayrou au Point. Je ne crois pas qu'une telle crise puisse ĂȘtre surmontĂ©e sans un immense effort national. Or l'idĂ©e mĂȘme d'un effort national semble souvent s'ĂȘtre effacĂ©e», juge le responsable centriste, Ă©galement Haut-Commissaire au Plan.J'ai parfois l'impression que le monde politique lui-mĂȘme ne se rend pas compte de ce qui vient, vu les hurlements et les insultes qui polluent les dĂ©bats Ă  l'AssemblĂ©e nationale», juge le patron du MoDem, alliĂ© au parti prĂ©sidentiel au sein d'une majoritĂ© relative Ă  l'AssemblĂ©e. Sur le plan international, François Bayrou cite le conflit en Ukraine, le risque de crise alimentaire notamment en Afrique, les tensions raciales aux États-Unis, la situation en Chine ou encore les Ă©lections en Italie, oĂč la cheffe du parti d'extrĂȘme droite Fratelli d'Italia Giorgia Meloni est en tĂȘte des sondages en vue des lĂ©gislatives du 25 septembre.NĂ©cessitĂ© d'une mutation»Il Ă©voque Ă©galement les problĂ©matiques liĂ©es Ă  la transition Ă©nergĂ©tique, la trĂšs forte inflation» et la question du dĂ©sĂ©quilibre de nos finances», dont plus personne dans l'opinion publique ne paraĂźt avoir vraiment conscience». Emmanuel Macron, assure François Bayrou, n'Ă©ludera aucune des questions cruciales de notre avenir». Il se situe d'avantage dans la question du moyen et du long terme que dans la gestion de l'immĂ©diat».À lire aussiÉdouard Philippe et François Bayrou, deux alliĂ©s de retour au premier planFrançois Bayrou rĂ©affirme par ailleurs le rĂŽle politique, plus indĂ©pendant et Ă  l'initiative» que doit avoir selon lui le premier ministre dans cette nouvelle configuration politique, comme il l'avait fait au lendemain des lĂ©gislatives, ce qui avait Ă©tĂ© perçu comme une critique du profil d'Élisabeth Borne. Je crois qu'Élisabeth Borne, intelligente et volontaire, l'a compris et qu'elle expĂ©rimente la nĂ©cessitĂ© de cette mutation», a-t-il VOIR AUSSI - Guerre en Ukraine la troisiĂšme guerre mondiale est une vraie menace», estime François Bayrou François Bayrou voit arriver la crise la plus grave que la France ait connue depuis la guerre» S'ABONNERFermerS'abonner Le dessinateur Luz, de Charlie Hebdo, a Ă©tĂ© interviewĂ© par les Inrocks. Luz dessine Ă  Charlie Hebdo depuis vingt ans. Il doit la vie au fait d’ĂȘtre nĂ© un 7 janvier, et d’ĂȘtre arrivĂ© Ă  la bourre pour la confĂ©rence de rĂ©daction de l’hebdomadaire satirique. Il participe avec les autres “survivants” Ă  la fabrication du numĂ©ro de Charlie Hebdo qui sortira le 14 janvier, et qui sera exceptionnellement tirĂ© Ă  un million d’exemplaires. Aujourd’hui, comme hier, il se rendra dans les locaux de LibĂ©ration, qui abritent la rĂ©daction, pour discuter des angles, des sujets, de la couverture. Avec d’autres dessinateurs, il ira croquer le grand rassemblement rĂ©publicain de dimanche. Au lendemain de l’attaque terroriste qui a coĂ»tĂ© la vie Ă  ses amis, ses mentors, sa famille, Luz nous confie ses doutes, ses craintes et sa colĂšre. DĂ©vastĂ© par le chagrin, il s’interroge sur la possibilitĂ© de dessiner encore aprĂšs ce terrible 7 janvier 2015 et livre un tĂ©moignage Ă  sortie de Charlie Hebdo mercredi prochain est devenu un enjeu national et politique. Comment vivre cette responsabilitĂ© dans ces terribles conditions ?Luz - Quand j’ai commencĂ© le dessin, j’ai toujours considĂ©rĂ© qu’on Ă©tait protĂ©gĂ© par le fait qu’on faisait des petits Mickey. Avec les morts, la fusillade, la violence, tout a changĂ© de nature. Tout le monde nous regarde, on est devenu des symboles, tout comme nos dessins. L’HumanitĂ© a titrĂ© en Une “C’est la libertĂ© qu’on assassine” au dessus de la reproduction de ma couverture sur Houellebecq qui, mĂȘme si il y a un peu de fond, est une connerie sur Houellebecq. On fait porter sur nos Ă©paules une charge symbolique qui n’existe pas dans nos dessins et qui nous dĂ©passe un peu. Je fais partie des gens qui ont du mal avec par “charge symbolique” ?En 2007, avec la publication des caricatures de Mahomet du journal danois Jyllands-Posten, on Ă©tait soit des provocateurs, soit des chevaliers blancs de la libertĂ© de la presse. En 2011, quand les locaux ont Ă©tĂ© incendiĂ©s, on Ă©tait de nouveau des chevaliers blancs. En 2012, Ă  l’occasion de la sortie d’un film complĂštement con sur les musulmans L’Innocence des musulmans, on dessine Mahomet Ă  l’intĂ©rieur de Charlie, comme d’habitude. On redevient alors de dangereux provocateurs qui font fermer des ambassades et terrorisent les Français de l’étranger. Les mĂ©dias ont fait une montagne de nos dessins alors qu’au regard du monde on est un putain de fanzine, un petit fanzine de lycĂ©en. Ce fanzine est devenu un symbole national et international, mais ce sont des gens qui ont Ă©tĂ© assassinĂ©s, pas la libertĂ© d’expression ! Des gens qui faisaient des petits dessins dans leur veux dire que la nature de la caricature a changĂ© ?Depuis la publication des caricatures de Mahomet, la nature irresponsable de la caricature a progressivement disparu. Depuis 2007, nos dessins sont lus au premier degrĂ©. Des gens ou des dessinateurs, comme Plantu, estiment qu’on ne peut pas faire de dessins sur Mahomet Ă  cause de leur visibilitĂ© mondiale liĂ©e Ă  Internet. Il faudrait faire attention Ă  ce qu’on fait en France parce qu’on peut faire rĂ©agir Ă  Kuala Lumpur ou ailleurs. Et ça, c’est ?Depuis 2007, Charlie est regardĂ© sous l’angle de la responsabilitĂ©. Chaque dessin a la possibilitĂ© d’ĂȘtre lu sous l’angle d’enjeux gĂ©opolitique ou de politique intĂ©rieure. On met sur nos Ă©paules la responsabilitĂ© de ces enjeux. Or on est un journal, on l’achĂšte, on l’ouvre et on le referme. Si des gens postent nos dessins sur Internet, si des mĂ©dias mettent en avant certains dessins, ce sont leur responsabilitĂ©. Pas la que c’est absolument l’inverse qui se doit porter une responsabilitĂ© symbolique qui n’est pas inscrite dans le dessin de Charlie. A la diffĂ©rence des anglo-saxons ou de Plantu, Charlie se bat contre le symbolisme. Les colombes de la paix et autres mĂ©taphores du monde en guerre, ce n’est pas notre truc. On travaille sur des points de dĂ©tails, des points prĂ©cis liĂ©s Ă  l’humour français, Ă  nos analyses de petits dessins parfois crasses ou punk
Parfois cucul la praline, parfois craspouille, punk effectivement. Parfois c’est ratĂ©, parfois c’est juste beau. Charlie est la somme de personnes trĂšs diffĂ©rentes les unes des autres qui font des petits dessins. La nature du dessin changeait en fonction de la patte de son dessinateur, de son style, de son passĂ© politique pour les uns, ou artistique pour les autres. Mais cette humilitĂ© et cette diversitĂ© de regards n’existent plus. Chaque dessin est vu comme si il Ă©tait fait par chacun d’entre nous. Au final, la charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillĂ© dĂ©truire les symboles, faire tomber les tabous, mettre Ă  plat les fantasmes. C’est formidable que les gens nous soutiennent mais on est dans un contre-sens de ce que sont les dessins de ĂȘtes devenus les Ă©tendards de l’unitĂ© unanimisme est utile Ă  Hollande pour ressouder la nation. Il est utile Ă  Marine Le Pen pour demander la peine de mort. Le symbolisme au sens large, tout le monde peut en faire n’importe quoi. MĂȘme Poutine pourrait ĂȘtre d’accord avec une colombe de la paix. Or, prĂ©cisĂ©ment, les dessins de Charlie, tu ne pouvais pas en faire n’importe quoi. Quand on se moque avec prĂ©cision des obscurantismes, quand on ridiculise des attitudes politiques, on n’est pas dans le symbole. Charb, que je considĂšre comme le Reiser de la fin du XXe siĂšcle et du dĂ©but du XXIe, parlait de la sociĂ©tĂ©. Il dessinait ce qu’il y avait sous le vernis, des gens avec un gros nez, un peu moches. LĂ , on est sous une Ă©norme chape de vernis et ça va ĂȘtre difficile pour ?Est-ce vraiment le moment de faire Charlie alors qu’on est dans l’émotion ? Est ce opportun de le faire vite pour rĂ©pondre Ă  la symbolique de l’attentat ? Ce sont des questions que je pose. RĂ©pondre Ă  la symbolique par la symbolique, ce n’est pas Charlie. Cette nuit, j’ai pensĂ© Ă  un dessin que je ne ferais certainement pas une trace sur le sol pour montrer l’emplacement des victimes, avec une lunette dans un coin et juste une bulle qui dit “hahaha”, le tout sur fond noir. Ce n’est pas une super idĂ©e, parce que c’est l’idĂ©e que la symbolique m’ question que tu poses c’est “comment encore dessiner aprĂšs ça?”Oui. Et aprĂšs ça, comment dessiner dans ce cadre-lĂ . Dans ce Charlie fantasmĂ© qui nous continuer Charlie Hebdo ?La suite va ĂȘtre compliquĂ©e. Pour toutes les raisons que je viens de te donner et parce qu’on va ĂȘtre obligĂ© de travailler sans les personnalitĂ©s graphiques, politiques, Ă©thiques et militantes de Charb, Tignous, HonorĂ© et de tous les autres. Dans les moments difficiles oĂč nous Ă©tions piĂ©gĂ©s par le fantasme de l’irresponsabilitĂ©, on s’en rĂ©partissait la charge. Aujourd’hui, restent Catherine, Willem, Coco et moi et Riss blessĂ© Ă  l’épaule. Comment va-t-on se dĂ©patouiller pour dĂ©passer cette injonction symbolique avec quatre styles ? Jul, qui avait quittĂ© Charlie, les a rejoints pour participer au prochain numĂ©ro. Des gens nous proposent des dessins gratos. Mais est-ce qu’ils seront dans l’esprit Charlie ? L’esprit actuel existe depuis 22 ans. Ce journal existe grĂące Ă  la somme de ses toujours pensĂ© qu’il fallait caricaturer le prophĂšte ou, Ă  un moment, as-tu eu le sentiment qu’un piĂšge Ă©tait en train de se refermer sur vous ?Ce qui est marrant, c’est qu’on a continuĂ© Ă  caricaturer Mahomet aprĂšs 2007. AprĂšs la triple polĂ©mique 2007, 2011, 2012, Charb et Zineb El-Rhazoui ont mĂȘme publiĂ© La vie de Mahomet en deux tomes. Cela n’a fait aucun bruit. On avait gagnĂ©. Charb voulait aller au bout de ce projet, droit dans ses chaussures de trekking rires et ses pantalons militaires tout moches qu’il aimait. Charb estimait qu’on pouvait continuer Ă  faire tomber les tabous et les symboles. Sauf qu’aujourd’hui, nous somme le symbole. Comment dĂ©truire un symbole qui est soi-mĂȘme ?Je ne sais non plus. Je ne trouverais pas la rĂ©ponse cette semaine et je ne suis pas sĂ»r de la trouver un jour. Nous allons sortir Charlie. Je vais me forcer. Je vais penser aux copains morts, mais qui ne sont pas tombĂ©s pour la France ! Aujourd’hui, on a l’impression que Charlie est tombĂ© pour la libertĂ© d’expression. Nos copains sont juste morts. Nos copains qu’on aimait et dont on admirait tellement le Bougrab, la compagne de Charb, trĂšs Ă©mue, a estimĂ© sur BFMTV qu’ils mĂ©ritaient d’entrer au c’est l’inverse. Et puis ça n’a pas changĂ© grand chose pour Marie Curie d’entrer au fait une belle cĂ©rĂ©monie
Je n’étais pas Ă  la manifestation spontanĂ©e du 7 janvier. Des gens ont chantĂ© la Marseillaise. On parle de la mĂ©moire de Charb, Tignous, Cabus, HonorĂ©, Wolinski ils auraient conchiĂ© ce genre d’attitude. Les gens s’expriment comme ils veulent mais il ne faut pas que la RĂ©publique ressemble Ă  une pleureuse de la CorĂ©e du Nord. Ce serait que tu veux croquer le rassemblement de demain Ă  cause de ce genre de considĂ©ration ?Je ne sais pas ce que ça va donner. On ne va pas en reportage avec ses a priori, on ressent et on fait avec ce qu’il y a. Il y aura certainement des belles choses, des pleurs, des joies et peut ĂȘtre des absurditĂ©s. En mĂȘme temps, cela montrera le changement de nature de Charlie ces gens qui nous soutiennent maintenant qu’on est mort, qui ne nous ont pas toujours lus,, pas toujours suivis. Je ne leur en veux pas. On n’était pas lĂ  pour convaincre l’ensemble de la novembre dernier, Charb avait lancĂ© un appel Ă  souscription pour sauver Charlie. Vous Ă©tiez bien seuls
On Ă©tait tout seuls depuis un petit moment. Depuis la troisiĂšme affaire liĂ©e Ă  Mahomet. Toutes ces histoires ont créé tellement de fantasmes sur la dangerositĂ© de l’athĂ©isme de Charlie, son islamophobie. On Ă©tait juste de joyeux incroyants. Tous ceux qui sont morts Ă©taient de joyeux incroyants. Et lĂ , ils sont nulle part. Comme tout le ce que tu penses du fait que Manuel Valls n’a pas conviĂ© Marine Le Pen au “rassemblement rĂ©publicain” de demain ?Je m’en ce que tu as l’impression qu’on essaie de rĂ©cupĂ©rer Charlie ?HonnĂȘtement, qu’est ce que tu veux rĂ©cupĂ©rer ? AprĂšs, il y a ce grand Ă©lan. Mais dans un an, que restera-t-il de ce grand Ă©lan plutĂŽt progressiste sur la libertĂ© d’expression ? Est ce qu’il va y avoir des aides Ă  la presse particuliĂšres ? Est ce que des gens vont s’opposer Ă  la fermeture des journaux ? Des kiosques ? Est ce que les gens vont acheter des journaux ? Que restera-t-il de cet Ă©lan ? Peut-ĂȘtre quelque chose. Mais peut-ĂȘtre allez vous travailler ?On va continuer Ă  faire nos bonshommes. Notre boulot de dessinateur est de mettre le petit bonhomme au coeur du dessin, de traduire l’idĂ©e qu’on est tous des petits bonhommes et qu’on essaie de se dĂ©merder avec ça. C’est ça le dessin. Ceux qu’on a tuĂ©s Ă©taient juste des gens qui dessinaient des bonhommes. Et aussi des c’est beaucoup demander Ă  des petits bonhommes de sauver la RĂ©publique ? recueillis par Anne Laffeter TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 IDÉE, subst. A. − Ce que l'esprit conçoit ou peut Tout ce qui est reprĂ©sentĂ© dans l'esprit, par opposition aux phĂ©nomĂšnes concernant l'affectivitĂ© ou l'action. Les hommes ont des images avant d'avoir des idĂ©es; ils voient les corps avant de connoĂźtre les esprits Bonald, LĂ©gisl. primit., t. 1, 1802, p. 251.La danse est aussi rĂ©vĂ©lation et langage, car elle provoque inconsciemment ou rĂ©vĂšle volontairement des Ă©tats, des idĂ©es ou des sentiments intraduisibles par des mots Bourgat, Techn. danse,1959, p. 10.♩ Avoir l'idĂ©e reprĂ©senter. On a l'idĂ©e de point en considĂ©rant la marque faite sur une feuille de papier avec une aiguille ou la pointe d'un crayon bien taillĂ© Roux, Miellou, GĂ©om.,1946, p. 7 1. Dans les dessins, la fragmentation dĂ©voile la complexitĂ© de nos reprĂ©sentations les plus simples. L'idĂ©e que nous avons d'une harpe est la combinaison d'une grande quantitĂ© d'Ă©lĂ©ments images visuelles de bois dorĂ© pour le cadre, de lignes parallĂšles pour les cordes, de spirale comme ornement, d'images auditives, d'impressions personnelles, etc. Un enfant mis en prĂ©sence du dessin d'une harpe n'y voit rien d'autre que des Ă©lĂ©ments simples. Warcollier, TĂ©lĂ©pathie,1921, p. [Point de vue de la qualitĂ©, de la forme de l'idĂ©e] Avoir, se faire l'/une idĂ©e claire, complĂšte, exagĂ©rĂ©e, prĂ©cise de qqc. ou de qqn. Si l'on dĂ©couvrait ce journal, il donnerait de moi une idĂ©e fort inexacte, car je n'y mets guĂšre que ma vie extĂ©rieure Green, Journal,1936, p. 58 2. L'Empereur expliquait la nettetĂ© de ses idĂ©es et la facultĂ© de pouvoir, sans se fatiguer, prolonger Ă  l'extrĂȘme ses occupations, en disant que les divers objets et les diverses affaires se trouvaient casĂ©s dans sa tĂȘte comme ils eussent pu l'ĂȘtre dans une armoire. Las Cases, MĂ©mor. Ste-HĂ©lĂšne, t. 2, 1823, p. Concevoir, exprimer, se former une idĂ©e approximative, complexe, concrĂšte, confuse, distincte, imparfaite, insuffisante, nette, sommaire, superficielle, vraie; faible, vague idĂ©e; idĂ©e d'ensemble.− ReprĂ©sentation Ă©lĂ©mentaire, sommaire. Synon. aperçu, donner, se faire une idĂ©e de qqc. ou de qqn; ces chiffres suffisent Ă  donner une idĂ©e de; vous avez une idĂ©e de ce que cela peut ĂȘtre? Vous pouvez avoir une idĂ©e de mon ouvrage et de son Ă©tendue en jetant un regard sur la couverture que je joins Ă  ma lettre Balzac, Corresp.,1843, p. 600.Elle Ă©tait venue, comme ça, en passant, regarder les couronnes, pour se faire une idĂ©e. Elle demandait les prix Aragon, Beaux quart.,1936, p. 127.V. fĂ©minin ex. 7 3. La nature a percĂ© plusieurs rochers du globe, pour y faire passer des veines d'eau et des filons de mĂ©tal .... Pour donner une idĂ©e de ces aqueducs souterrains, je dirai deux mots de celui que j'ai vu Ă  l'Ile-de-France. Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 225.− Loc. diverses♩ Ne pas avoir l' idĂ©e, n'avoir aucune, nulle idĂ©e, ne pas avoir la premiĂšre, la plus lĂ©gĂšre, la plus petite idĂ©e de qqc. Ne pas connaĂźtre, ignorer totalement. Ceux qui le poursuivent exigent de cet homme qu'il Ă©prouve des sentiments dont il n'a mĂȘme pas l'idĂ©e Mauriac, Journal 2,1937, p. 140.Vous ne l'avez pas vu?... Vous n'avez pas la moindre idĂ©e de l'endroit oĂč je pourrais le joindre? Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 82 4. On proclama la rĂ©publique romaine du haut du Capitole, mais il n'y avait de rĂ©publicains dans la Rome de nos jours que les statues; et c'Ă©tait n'avoir aucune idĂ©e de la nature de l'enthousiasme que d'imaginer qu'en le contrefaisant on le ferait naĂźtre. StaĂ«l, Consid. RĂ©vol. fr., t. 1, 1817, p. 511.♩ Avoir, se faire l'/une idĂ©e de qqc. Imaginer. Donner une idĂ©e de qqc. Le faire concevoir, imaginer. Je pense souvent aux gens qui ont passĂ© des annĂ©es dans les cages de fer des prisons, au Moyen Âge, et je me fais un peu idĂ©e de leurs souffrances parce que je sais ce que c'est qu'une insomnie Aragon, Beaux quart.,1936, p. 478.J'ai idĂ©e des difficultĂ©s que vous avez rencontrĂ©es Lexis 1975.[Le plus souvent Ă  la forme nĂ©gative, p. exagĂ©r.] On ne peut, on ne saurait avoir, donner, se faire l'idĂ©e de; vous n'avez pas idĂ©e comme c'est agaçant, combien je suis heureux. Vous ne vous faites pas une idĂ©e de l'aplomb de ces gens-lĂ ! Zola, E. Rougon,1876, p. 202.On n'a pas idĂ©e oĂč la vanitĂ© d'une maĂźtresse de maison peut se nicher Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 24.Abs. Toute la journĂ©e attachĂ© lĂ , et rien, absolument rien Ă  faire! Au dĂ©but les heures me paraissaient longues, longues, tu n'as pas idĂ©e Martin du G., Thib., PĂ©nitenc., 1922, p. 714.Ne pas avoir, se faire d'/l'idĂ©e de qqc. vieilli. De loin nous ne nous faisons pas d'idĂ©e de ce que c'est que l'autoritĂ© d'un despote qui connaĂźt de vue tous ses sujets Stendhal, Chartreuse,1839, p. 264.V. agile ex. 34.♩ À la forme nĂ©gative, fam. [Pour exprimer la surprise, l'Ă©tonnement devant l'invraisemblance d'une chose, d'une action] On n'a pas idĂ©e ou a-t-on idĂ©e de + inf. ou subst..Il n'est pas concevable d'agir ainsi. On n'a pas idĂ©e de ça! On n'a pas idĂ©e d'une folie pareille! grommela la vieille dame. Se faire du mal pour du papier imprimĂ©! Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 138.Vous devriez avoir honte de parler d'un dĂ©goĂ»tant qui a Ă©tĂ© rĂ©voquĂ© pour mƓurs, espĂšce de dĂ©vergondĂ©e. A-t-on idĂ©e de faire rougir une femme de mon Ăąge! Ça ne vous portera pas bonheur Bernanos, Crime,1935, p. 816.V. apprendre ex. fam. On n'a pas idĂ©e! A-t-on idĂ©e? Est-ce possible? J'ai vu une Anglaise qui a passĂ© quelques jours chez des voisins Ă  eux; on n'a pas idĂ©e!... Elle se promĂšne dans son jardin presque toute nue H. Bataille, Maman Colibri,1904, IV, 1, p. 27.Je suis celle qui est lĂ  pour t'empĂȘcher de mourir, comme tu dis! de mourir, a-t-on idĂ©e! Claudel, Échange,1954, II, p. 763.♩ Fam. Avoir l'idĂ©e que, avoir comme une idĂ©e que, plus cour. avoir idĂ©e que. Avoir l'impression, croire, s'imaginer, penser que. J'ai toujours eu l'idĂ©e que vous arriveriez par moi aux honneurs et Ă  la fortune Scribe, Camaraderie,1837, III, 6, p. 300.Mon cher Berthier, j'ai l'idĂ©e que le ministĂšre tombera au dĂ©but de la session A. France, Lys rouge,1894, p. 333.Il s'est mis tout le monde Ă  dos. Nous n'avions pas idĂ©e qu'on pĂ»t Ă  ce point le dĂ©tester Claudel, PoĂšte regarde Croix,1938, p. 38.Rem. La docum. enregistre la constr. vieillie prendre une idĂ©e de. Synon. avoir, se faire une idĂ©e. Son ignorante vie avait cessĂ© tout Ă  coup, elle raisonna, se fit mille reproches. Quelle idĂ©e va-t-il prendre de moi? Il croira que je l'aime » Balzac, E. Grandet, 1834, p. 123. Il eĂ»t fallu voir, pour en prendre une idĂ©e, son front couvert de sueur, et cependant rĂ©signĂ©, ses yeux mouillĂ©s de larmes, et cependant levĂ©s au ciel Dumas pĂšre, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 374. Ce futur, qui est en elle Ă  l'Ă©tat de dĂ©sir et qu'elle n'a plus l'Ă©nergie de rĂ©aliser, cultive-le, prends-en une idĂ©e claire BarrĂšs, Homme libre, 1889, p. 131.b [Point de vue de la rĂ©sonance affective de l'idĂ©e]− [Le plus souvent au plur., suivi d'un adj. indiquant le degrĂ© affectif de l'idĂ©e] Leur prĂ©sence m'imposoit une mortelle contrainte, et rĂ©veilloit en moi des idĂ©es accablantes Genlis, Chev. cygne, t. 1, 1795, p. 115.Il nourrissait des idĂ©es grises, des idĂ©es noires, que sais-je? des pressentiments Gide, Caves,1914, p. 839.V. attaquer ex. IdĂ©e affreuse, agrĂ©able, atroce, chagrine, consolante, Ă©trange, gaie, importune, insupportable, souriante, terrible; idĂ©es douces, drĂŽles, lugubres, moroses, sinistres; ĂȘtre assailli de, chasser des, entretenir des, ĂȘtre portĂ© aux idĂ©es sombres; idĂ©es dĂ©goĂ»tantes, lubriques, malsaines, obscĂšnes, sordides.− Loc. verb., fam. Être dans ses idĂ©es. Être obnubilĂ© par qqc., avoir des idĂ©es noires. Ces diables de violons qui s'avisent de jouer cet air-lĂ  justement aujourd'hui, − quand je suis dans mes idĂ©es Murger, ScĂšnes vie jeun.,1851, p. 138.c [Point de vue du mode de relation de l'idĂ©e aux autres idĂ©es] EnchaĂźnement, liaison des idĂ©es; idĂ©es cohĂ©rentes, embrouillĂ©es, sans suite. Les foules sont inspirĂ©es par des associations d'idĂ©es trĂšs simples. Vous ne leur ferez pas faire une Ă©meute un jour de fĂȘte A. France, Bergeret,1901, p. 364.Il s'assit sur l'escabeau. Il n'avait plus une idĂ©e dans la tĂȘte. Les minutes Ă©taient lentes. Le temps se traĂźnait Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 98 5. Paris, 7 juin 1822. Cette soirĂ©e me fait l'effet d'un songe heureux, j'en suis encore tout enivrĂ©. Je cherche Ă  rassembler mes idĂ©es, je ne le puis le bonheur qui remplit mon Ăąme Ă©tourdit ma pensĂ©e ... » AmpĂšre, Corresp.,1822, p. a Mettre de l'ordre dans ses idĂ©es; sauter d'une idĂ©e Ă  l'/une autre; se changer, rafraĂźchir les idĂ©es Ă /de qqn; chasser, Ă©carter, Ă©loigner, repousser une/des idĂ©es. b Classification, combinaison, coordination, cours, fil des idĂ©es.− PSYCHOL., MÉD. Association* d'/des idĂ©es; fuite* des idĂ©es; idĂ©e fixe*; idĂ©es dĂ©lirantes*. d [Point de vue de l'objet de l'idĂ©e; le plus souvent suivi de de] Se faire Ă  une idĂ©e. Tout Ă  coup, il lui vient une idĂ©e qui la jeta dans un trouble inexprimable Jules allait croire que, comme son pĂšre, elle mĂ©prisait sa pauvretĂ©! Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 154.L'idĂ©e d'un emprunt lui revint, elle finit par accepter, Ă  la condition qu'elle lui rendrait ce qu'il dĂ©penserait pour elle Zola, Germinal,1885, p. 1243.La puissance de ce brasseur d'affaires dont l'existence Ă©veillait l'idĂ©e d'une torche en flamme, secouĂ©e par les vents, fumeuse mais Ă©blouissante Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 831.V. affĂ©terie ex. 5, blondeur ex. 4, cernure ex. 1 6. Les Anciens ont toujours senti que l'idĂ©e de la mort a sa voluptĂ©; l'amour et les fĂȘtes la rappellent, et l'Ă©motion d'une joie vive semble s'accroĂźtre par l'idĂ©e mĂȘme de la briĂšvetĂ© de la vie. StaĂ«l, Corinne, t. 1, 1807, p. 236.− L'idĂ©e de + subst. ou inf.; l'idĂ©e fait de se reprĂ©senter quelque chose. Être prĂ©occupĂ©, tourmentĂ© de/par l'idĂ©e que; la seule idĂ©e, Ă  la seule idĂ©e, rien qu'Ă  l'idĂ©e de, que. Annette avoit Ă©tĂ© effrayĂ©e par l'idĂ©e que M. de Durantal pouvoit ne pas avoir de foi en Dieu Balzac, Annette, t. 2, 1824, p. 127.Jean Valjean devint pĂąle. La seule idĂ©e de redescendre dans cette rue formidable le faisait frissonner Hugo, MisĂ©r., t. 1, 1862, p. 630.À l'idĂ©e que vous pourriez ne pas aller droit en paradis, j'en ai tout le corps qui tremble Zola, Dr Pascal,1893, p. 13 7. ... rien n'importe beaucoup de ce qui peut nous advenir sur terre, puisque la seule idĂ©e de ce qui nous attend plus tard suffit dĂšs maintenant Ă  nous combler de joie. Green, Journal,1938, p. La docum. et qq. dict. du xixeet xxes. enregistrent le sens vx, quasi-synon. de image, souvenir. Le scintillement des Ă©toiles, la clartĂ© de la lune, le calme profond qui m'environnoit, le parfum des fleurs, la nuit, l'heure, le mystĂšre, tout rappeloit Ă  mon cƓur un souvenir dĂ©licieux et dĂ©chirant... Les idĂ©es si chĂšres que me retraçoit l'imagination n'agissoient que sur mes sens; enivrĂ©, Ă©perdu, je n'en Ă©tois que plus infortunĂ© Genlis, Chev. cygne, t. 1, 1795, p. 208. Je demande pardon au lecteur de lui rappeler l'idĂ©e d'un pareil monstre, par des vers aussi misĂ©rables; mais il faut connoĂźtre l'esprit des temps Chateaubr., Essai RĂ©vol., t. 1, 1797, p. 155. Je l'aime de toutes les forces de mon Ăąme, et dans mon abandon complet, dans ma profonde douleur, il n'y a que son idĂ©e qui puisse encore m'offrir de la joie Hugo, Corresp., 1821, p. 326. Elle s'Ă©tonnait d'avoir trouvĂ© si ridicules les idĂ©es rĂ©veillĂ©es par le rĂ©cit de Madame de ThĂ©mines Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 10.2. Ce qui n'existe que dans l'esprit, dans l'imagination, par opposition Ă  ce qui existe en fait, dans la rĂ©alitĂ©, de façon concrĂšte. Synon. chimĂšres, illusions, rĂȘves, avec ses idĂ©es. Il se repaĂźt d'idĂ©es LittrĂ©. Il nous a entretenu de ses idĂ©es Ac. 8. Ce ne sont pas des idĂ©es qu'il faut Ă  ce peuple remuant [le peuple français], mais des faits, des rĂ©cits historiques, des couplets et Le Moniteur! VoilĂ  tout jamais d'abstraction. Baudel., Salon,1846, p. 165.− Loc. fam.♩ Se faire une/des idĂ©ess; se mettre, se fourrer fam. des idĂ©es dans la tĂȘte, en tĂȘte. Imaginer des choses fausses, sans fondement. Pourquoi penser, ou dire du moins, que si tu me demandais Ă  Ă©couter ton drame, je ferais sourde oreille? VoilĂ  ce que je ne te pardonne pas. Ce sont ces idĂ©es que tu te fourres en tĂȘte Flaub., Corresp.,1847, p. 8.Il ne me croit plus, dit-elle avec dĂ©sespoir .... Il va me dĂ©tester Ă  cause d'une idĂ©e qu'il se fait BarrĂšs, Jard. Oronte,1922, p. 218.V. accrocher ex. 28 9. ... ils se disaient, en scrutant des yeux la nuĂ©e rouge de Verdun Il ne faut pas exagĂ©rer. De lĂ -haut on se faisait des idĂ©es. Tout ne brĂ»le pas. Loin de lĂ . Suffit de regarder. Il y a des incendies de cĂŽtĂ© et d'autre. Mais il y a des pĂątĂ©s de maisons, des carrĂ©s de bĂątiments qui continuent d'ĂȘtre bien sombres, bien peinards ... ». Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. iron. Synon. se faire des espĂšre recevoir des compliments, il se fait des idĂ©es Lar. Lang. fr.. ♩ Avoir des idĂ©es. Avoir en tĂȘte des fantasmes sexuels. Donner des idĂ©es Ă  qqn. Éveiller des fantasmes sexuels; exciter l'imagination de quelqu'un. Leurs bĂȘtises [des hommes] lui causaient si peu de plaisir, qu'elle restait sale exprĂšs, afin de ne pas leur donner des idĂ©es Zola, Pot-Bouille,1882, p. 265.Elle est comme toutes les mĂšres. Je lui dis parfois Mais tu les embĂȘtes, tes fils. Laisse-les donc tranquilles. C'est toi qui leur donnes des idĂ©es, avec toutes tes questions... » Gide, Faux-monn.,1925, p. 1114 10. Si vous avez ce qu'on appelle des idĂ©es... » ou plutĂŽt ... ce que l'on appelle vulgairement des idĂ©es... » il ne savait pas au juste ce qu'elle voulait dire. Peut-ĂȘtre la baiser sur la bouche, ou mĂȘme faire le mal avec elle. Green, MoĂŻra,1950, p. 220.♩ [Pour exprimer l'Ă©tonnement devant le caractĂšre non fondĂ© d'une affirmation, irrĂ©alisable d'un projet, insolite ou absurde d'une action, d'un comportement]En voilĂ  une drĂŽle d' idĂ©e! En voilĂ  des idĂ©es! Moi?... Ah! par exemple!... en voilĂ  des idĂ©es!... oĂč vas-tu chercher tout cela, mignonne? Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 109 11. le vĂ©rificateur Vous ne voudriez pas m'accompagner, dans ma prochaine tournĂ©e? Laurency, surpris Moi, en voilĂ  une idĂ©e! Lenormand, Simoun,1921, 7etabl., p. idĂ©e de + subst. ou inf. Mon Dieu! Que ces gens Ă©taient ridicules! Je sais bien que nous le serons autant qu'eux dans vingt ans, mais cette idĂ©e d'un troubadour avec un casque et une lyre! Colette, Cl. Ă©cole,1900, p. 231.− CĂ©lestine, soyez franche avec moi... Monsieur ne vous a jamais poussĂ©e dans un coin?... Il ne vous a jamais embrassĂ©e?... Il ne vous a jamais...? Non cette idĂ©e! Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 51.Et cette idĂ©e de se poudrer la nuque! Tout d'elle lui Ă©tait odieux Montherl., Bestiaires,1926, p. 404 12. Je trouve ta question stupide, − Marie-Louise Ă©tait agacĂ©e, − tu n'es pas juif que je sache, tu ne t'es jamais occupĂ© de politique... Tout le monde va rentrer Ă  Paris Ă  la fin des vacances, cette idĂ©e! Quand on n'est ni Allemand Ă©migrĂ©, ni Polonais, je ne vois pas pourquoi on ne rentrerait pas chez soi! Triolet, Prem. accroc,1945, p. idĂ©e avez-vous lĂ ! Sortir par un temps pareil, quelle idĂ©e! LittrĂ©. Moi, t'en vouloir! Quelle idĂ©e! Hermant, M. de CourpiĂšre,1907, II, 4, p. 16.Quelle idĂ©e a eue ce vieux respectable monsieur d'introduire dans sa maison un serviteur comme moi? Je vous demande suis-je ici Ă  ma place? Bernanos, Joie,1929, p. 543 13. − Vous souvenez-vous d'Adrienne? Elle partit d'un grand Ă©clat de rire en disant Quelle idĂ©e! » Puis, comme se le reprochant, elle reprit en soupirant Pauvre Adrienne » Elle est morte au couvent de Saint-S..., vers 1832. » Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 626.− CrĂ©ation de l'esprit; ĂȘtre imaginaire. Synon. invention; apparence, fantĂŽme, mythe, donc que LĂ©lia? une ombre, un rĂȘve, une idĂ©e tout au plus Sand, LĂ©lia, t. 1, 183, p. 47.Des types vagabonds qui cherchent de la matiĂšre, ou bien des crĂ©atures s'Ă©vaporant en idĂ©es Flaub., Tentation,1856, p. 593 14. ... je me crĂ©ai un fantĂŽme de femme pour l'adorer. Je m'Ă©puisai avec cette crĂ©ature imaginaire, puis vinrent les amours rĂ©els avec qui je n'atteignis jamais Ă  cette fĂ©licitĂ© imaginaire dont la pensĂ©e Ă©tait dans mon Ăąme. J'ai su ce que c'Ă©tait que de vivre pour une seule idĂ©e et avec une seule idĂ©e, de s'isoler dans un sentiment, de perdre de vue l'univers et de mettre son existence entiĂšre dans un sourire, dans un mot, dans un regard. Chateaubr., MĂ©m., t. 4, 1848, p. 796.♩ [Pour exprimer le fait qu'une quantitĂ© est si petite qu'elle est presque inexistante] Une idĂ©e de + une larme, un poil, un rien, un scrupule, un Landry avait une idĂ©e de gaietĂ© et de courage de plus que son aĂźnĂ©, Sylvinet Ă©tait si fin d'esprit qu'on ne pouvait pas l'aimer moins que son cadet Sand, Pte Fad.,1849, p. 14 15. Le Soir de Paris s'est ... Ă©vaporĂ© il n'a pu lutter contre la naphtaline; il faudrait renifler la plinthe au-dessous de l'Ɠil-de-bƓuf, pour retrouver peut-ĂȘtre un reste de parfum, une idĂ©e de parfum. Bory, Mon Village Ă  l'heure allemande, Paris, Flammarion, 1945, p. 79.[EmployĂ© adverbialement] Culotte et pourpoint m'allaient comme un gant, bien qu'une idĂ©e larges ArĂšne, J. des Figues,1870, p. 64.La porte s'entre-bailla; oh! Ă  peine! un rien, une idĂ©e! tout juste assez pour qu'un mince fil de lumiĂšre tombĂąt du plafond au plancher Courteline, Conv. Alceste, Margot, 1888, p. 75.Excellents, les mouvements de MaĂźtres Chanteurs! Une seule fois, au moment d'attaquer la marche, ça allait une idĂ©e trop vite Willy, Bains de sons,1893, p. 193.3. [Avec mise en Ɠuvre de la puissance crĂ©atrice de l'intelligence] Conception de quelque chose Ă  Surtout dans les domaines artistique, littĂ©raire, originale et/ou fĂ©conde; premiĂšre conception de quelque chose; donnĂ©e fondamentale. On lui doit l'idĂ©e de cette machine Lar. 20e, Lar. encyclop.. L'Ɠuvre Ă  accomplir amĂšne nĂ©cessairement l'ouvrier le besoin donne l'idĂ©e, et c'est l'idĂ©e qui fait le producteur Proudhon, PropriĂ©tĂ©,1840, p. 226.Pour un grand artiste, l'idĂ©e, la vision d'un tableau peuvent jaillir de l'Ă©motion d'une lecture, et les plus beaux thĂšmes plastiques s'ordonner et s'Ă©panouir au rythme d'un poĂšme A. Michel, Peint. fr. xixes., 1928, p. 105 16. Toute la faiblesse et le manque d'originalitĂ© du romancier Bourget est dans l'aveu qu'il vient de faire que la conception de Suzanne Moraines lui a Ă©tĂ© inspirĂ©e par MmeMarneffe, de Balzac. Prendre l'idĂ©e d'un roman dans un roman, et ne la pas prendre cette idĂ©e dans un Ă©vĂ©nement humain ou une individualitĂ© caractĂ©ristique que vous avez cĂŽtoyĂ©e, lĂ  est ce qui distingue le romancier qui ne l'est pas de celui qui l'est. Goncourt, Journal,1888, p. a IdĂ©e centrale, dominante, essentielle, fondamentale, prĂ©pondĂ©rante, principale d'une Ɠuvre; idĂ©e directrice d'un Ă©crivain, d'un homme de sciences, d'une Ɠuvre; idĂ©e maĂźtresse, mĂšre. b Chercher, donner une idĂ©e de conte, de piĂšce. c Breveter une idĂ©e; dĂ©velopper, expliquer une idĂ©e.− En partic., domaine de la crĂ©ation artistique et littĂ©r. Esquisse, Ă©bauche. Jeter une/des idĂ©es sur le papier; ce n'est encore qu'une idĂ©e. L'idĂ©e premiĂšre, le croquis, qui est en quelque sorte l'Ɠuf ou l'embryon de l'idĂ©e, est loin ordinairement d'ĂȘtre complet Delacroix, Journal,1847, p. 169 17. Il est remarquable que, dans les premiĂšres idĂ©es du Dona, qui datent du temps du Credo − soit de 1820, − il ne soit aucunement question de l'assaut de la guerre − ou extĂ©rieure, ou intĂ©rieure. Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 416.− MUS. ,,Phrase musicale, d'ampleur variable, qui semble le noyau d'une Ɠuvre ou d'une partie d'une Ɠuvre et se prĂȘte Ă  des dĂ©veloppements ultĂ©rieurs`` Lar. encyclop.. Les dĂ©veloppements considĂ©rables [de cet allegro] roulent constamment sur la mĂȘme idĂ©e Berlioz, À travers chants,1862, p. 45 18. Le concerto qu'il nous a jouĂ© semblait tout entier fait pour lui. La robuste carrure du rythme, le puissant mouvement des idĂ©es, dans l'allegro et le finale, s'accordaient pleinement avec les qualitĂ©s de son archet et de son violon. P. Lalo, Mus.,1899, p. Cour. Conception neuve et/ou inattendue; solution originale Ă  un problĂšme. J'ai des tas d'idĂ©es fam.; c'est une idĂ©e Ă  lui fam.. Elle le fĂ©licitait de son bon goĂ»t − Ah! c'est mignon, extrĂȘmement bien! Il n'y a que vous pour ces idĂ©es » Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 69.Ne craignez rien; j'ai mon idĂ©e pour entrer Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 309.Nanteuil dit qu'il fallait s'adresser au docteur Trublet. − C'est une idĂ©e! s'Ă©cria Pradel A. France, Hist. comique,1903, p. 153 19. Tenez! une idĂ©e me vient. Vous devriez faire une retraite de quelques mois, dans votre Auvergne, au sein de votre aimable famille... Bernanos, Imposture,1927, p. 422.♩ [Concerne Ă©galement I A 3 c] L'idĂ©e de qqc.; l'idĂ©e de faire fait de penser Ă , d'imaginer quelque chose et/ou le projet de quelque chose. Quelle bonne idĂ©e vous avez eue de venir aujourd'hui! Personne n'aura l'idĂ©e l'idĂ©e ne viendrait Ă  personne de vous chercher ici. C'Ă©tait, tout de mĂȘme, une Ă©trange mĂ©canique qu'une femme. Jamais il n'avait eu l'idĂ©e d'Ă©tudier cela. Il commençait Ă  entrevoir des complications extraordinaires Zola, E. Rougon,1876, p. 67.Notre curĂ© ... qui se croit un homme d'initiative, a eu l'idĂ©e d'un service pour les sinistrĂ©s de la Martinique Bloy, Journal,1902, p. 96.L'astrologie, qui eut l'idĂ©e gĂ©niale de rebaptiser les douze signes du zodiaque et de les remplacer poĂ©tiquement par les douze maisons du ciel Boll, Qq. sc. captivantes,1941, p. 194.V. coiffage ex. 1 20. La commode est une des crĂ©ations les plus intĂ©ressantes de l'Ă©poque [le xviiesiĂšcle]. Jusque-lĂ , le linge Ă©tait rangĂ© dans des coffres. Au xviesiĂšcle, les cabinets avaient rĂ©vĂ©lĂ© la commoditĂ© des tiroirs. Dans un coffre Ă  dessus fixe, surĂ©levĂ© sur quatre pieds, on eut l'idĂ©e de pratiquer des grands tiroirs. Viaux, Meuble Fr.,1962, p. a IdĂ©e allĂ©chante, bouffonne, dangereuse, diabolique, Ă©patante, Ă©tonnante, funeste, hasardeuse, heureuse, inapplicable, ingĂ©nieuse, lumineuse, machiavĂ©lique, neuve, saugrenue, sĂ©duisante, singuliĂšre, stupide; excellente, fameuse, malencontreuse, riche idĂ©e; drĂŽle d'idĂ©e; idĂ©e de gĂ©nie. b Lancer, pousser une idĂ©e; recueillir des idĂ©es. c [Concerne I A 3 b et c]. Une idĂ©e germe, naĂźt, jaillit; une idĂ©e est dans l'air, a de l'avenir, fait son chemin; une idĂ©e frappe, illumine, occupe; une idĂ©e se prĂ©sente, vient Ă  l'esprit; une idĂ©e traverse qqn, l'esprit, le cerveau, la cervelle, la tĂȘte; une idĂ©e entre dans la tĂȘte, passe par la tĂȘte; trotte dans la tĂȘte la cervelle, sort de la tĂȘte; une idĂ©e vient de qqn.♩ Souvent au plur., abs. [Concerne I A 3 a et b; pour insister sur le caractĂšre d'originalitĂ©, d'invention] Être dĂ©nuĂ©, dĂ©pourvu, plein d'idĂ©es; mĂ©diocritĂ©, pauvretĂ©, vide d'idĂ©es; une tĂȘte Ă  idĂ©es, boĂźte Ă  idĂ©es; les idĂ©es ne viennent pas. Le voilĂ  qui se met Ă  dĂ©velopper ce texte avec une abondance d'idĂ©es, une richesse de vues si fines ou si profondes, un luxe de mĂ©taphores si brillantes et si pittoresques, que c'Ă©tait merveille de l'entendre ChĂȘnedollĂ©, Journal,1822, p. 113.Je souffre ... d'un certain manque d'idĂ©es proprement dites, de vues, de vĂ©ritĂ©s, qui aprĂšs tout constituent la vraie richesse d'un esprit Amiel, Journal,1866, p. 59.Avoir des idĂ©es. Avoir l'esprit fĂ©cond, ingĂ©nieux 21. Il avait des idĂ©es. À dix ans il avait inventĂ© une trappe Ă  mouches, Ă  douze une nouvelle mĂ©thode pour gonfler les pneus de bicyclette, Ă  quatorze un moulin Ă  distribuer les cartes Ă  jouer. Queneau, Loin Rueil,1944, p. Intention, envie, dĂ©sir; projet. Avoir des idĂ©es intĂ©ressĂ©es; vous aviez bien une idĂ©e en me posant cette question? J'ai applaudi Ă  ses projets, je l'ai encouragĂ© dans ses idĂ©es de mariage Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 240.Je me dĂ©cidai Ă  tout vendre, et me trouvai tout d'un coup ne plus possĂ©der que le cinquiĂšme Ă  peine de ce que j'avais hĂ©ritĂ© de ma grand'mĂšre .... On le sut d'ailleurs Ă  Combray ..., on se dit VoilĂ  oĂč mĂšnent les idĂ©es de grandeur » Proust, Fugit.,1922, p. 640.Il ne lui posait pas cette question dans l'idĂ©e d'Ă©couter sa rĂ©ponse, mais simplement pour lui crier sa colĂšre A. Chamson, Roux le bandit, Paris, Grasset, 1925, pp. 50-51 22. Un jour dans ses lointains voyages en Orient, s'Ă©tant Ă©loignĂ© de sa caravane aux environs d'Antioche, le jeune duc, en causant avec les guides du pays, entendit parler d'un mendiant dont on s'Ă©cartait avec horreur et qui vivait, seul, au milieu des ruines. L'idĂ©e le prit de visiter cet homme, car nul n'Ă©chappe Ă  son destin. Villiers de L' Contes cruels,1883, p. Abandonner, caresser, lĂącher, mĂ»rir une idĂ©e; reprendre une vieille idĂ©e; applaudir Ă  une idĂ©e; revenir Ă  son idĂ©e.− [Au sens fort] DĂ©termination, rĂ©solution. Avoir l'idĂ©e bien arrĂȘtĂ©e, avouĂ©e de faire qqc.; personne n'a pu lui ĂŽter cette idĂ©e de la tĂȘte. Elle prĂ©tend qu'elle est souffrante et que l'air de la campagne lui fera du bien... Vous savez, quand les femmes ont une idĂ©e, il n'y a pas Ă  aller contre Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 97.Paule eut un petit rire Toi, quand tu as une idĂ©e dans la tĂȘte! Beauvoir, Mandarins,1954, p. 138.V. bachique ex. 7 23. Ah non! Jamais elle ne changerait d'idĂ©e. Ni sa mĂšre, ni personne ne lui arracherait un aveu. Rose-Anna voyait le visage de sa fille dans une petite glace posĂ©e au mur, au-dessus de la table. La bouche Ă©tait dure, le regard volontaire, presque insolent. Roy, Bonheur occas.,1945, p. N'avoir qu'une idĂ©e dans la tĂȘte, en tĂȘte; mettre, fourrer fam. une/des idĂ©es dans la tĂȘte de qqn; ne pas dĂ©mordre d'une idĂ©e; s'entĂȘter dans son idĂ©e; renoncer, tenir Ă  une idĂ©e; avoir de la suite dans les idĂ©es; une idĂ©e de derriĂšre la d'idĂ©e comme de chemise. V. chemise I A 2 Conception impliquant un jugement de valeur; maniĂšre de Point de vue en gĂ©nĂ©ral; opinion. Je n'ai pas d'idĂ©e lĂ -dessus; il a des idĂ©es sur tout. Il rĂ©alise l'idĂ©e vulgaire qu'on se fait du poĂ«te, ardent, impĂ©tueux, endettĂ©, inĂ©gal en conduite et en fortune Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 182.Ce sont des idĂ©es d'enfant, qu'on ne peut faire les choses qu'avec excĂšs Montherl., Exil,1929, II, 8, p. 67.V. agricole ex. 20 et cautionner ex. 2 24. Il est Ă©vident qu'un paria hindou, un guerrier de l'empire Inca, un primitif de l'Afrique centrale, ou un membre des premiĂšres communautĂ©s chrĂ©tiennes n'avaient pas la mĂȘme idĂ©e de la rĂ©volte. Camus, Homme rĂ©v.,1951, p. a Avoir, donner, se former une bonne, grande, haute idĂ©e, une idĂ©e Ă©levĂ©e de qqc. ou de qqn; approuver, combattre, Ă©mettre, imposer, partager une idĂ©e; s'ouvrir Ă  une idĂ©e; confirmer qqn dans son idĂ©e; partir d'une idĂ©e, sur une idĂ©e fausse; avoir, rĂ©viser son idĂ©e sur qqn ou qqc. b IdĂ©e solidement ancrĂ©e, choquante, bien Ă©tablie, toute faite le plus souvent au plur., hardie, neuve, prĂ©conçue, reçue le plus souvent au plur., trĂšs rĂ©pandue, sensĂ©e.− Domaine de la mĂ©thode expĂ©rimentale.[Chez Cl. Bernard] IdĂ©e a priori ou prĂ©conçue. HypothĂšse la plus probable que l'expĂ©rimentateur Ă©met sur la cause d'un fait brut et dont la valeur est contrĂŽlĂ©e au moyen d'autres faits empruntĂ©s Ă  l'observation et Ă  l'expĂ©rimentation. La constatation du fait brut doit nĂ©cessairement prĂ©cĂ©der son interprĂ©tation, car c'est la vue du fait brut qui doit donner naissance Ă  l'idĂ©e prĂ©conçue ou Ă  l'hypothĂšse que l'on peut faire relativement Ă  sa cause C. Bernard, Princ. mĂ©d. exp.,1878, p. 55.V. circonstance ex. 4 et esclave ex. 6 25. ... le premier mouvement de l'esprit scientifique est une hypothĂšse ou une idĂ©e a priori Ă  l'aide de laquelle l'esprit s'Ă©lance au-delĂ  du fait brut pour arriver dans le champ du rationalisme qui est le vĂ©ritable terrain scientifique. C. Bernard, Princ. mĂ©d. exp.,1878p. 77.− ManiĂšre d'agir et/ou de penser; maniĂšre de voir.♩ À + adj. poss. + Ă  ma ta,... façon, Ă  ma ta,... guise; selon sa faire qu'Ă  son idĂ©e; juger, vivre Ă  son idĂ©e. Vous aurez cinq annĂ©es ennuyeuses c'est-Ă -dire cinq annĂ©es pendant lesquelles il vous faudra observer la rĂšgle, mais aprĂšs cela, vous en ferez Ă  votre idĂ©e Green, Journal,1943, p. 24.V. enfanter ex. 1.♩ À dans + adj. poss. + Ă  mon ton,... avis, selon ce que je tu,... penses.− À mon idĂ©e, il a Ă©tĂ© Ă©vacuĂ© par un autre rĂ©giment. − Mais non, il Ă©tait blessĂ©; les boches ont dĂ» le ramasser DorgelĂšs, Croix de bois,1919, p. 24.La lecture Ă©tant dans son idĂ©e une occupation purement dominicale, et trop noble aussi pour s'y adonner en habits de travail GuĂšvremont, Survenant,1945, p. 57.♩ Être de l'idĂ©e de qqn vx.Être de son avis. Quoique sans doute la petite soit de mon idĂ©e, il faut pourtant lui demander son avis Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 26.b Au plur. Ensemble des vues ou opinions en tout domaine d'une personne ou d'un groupe de personnes. Tu as tes idĂ©es, j'ai les miennes; il a les idĂ©es de son siĂšcle. Les idĂ©es religieuses sont celles qui ont le plus de prise sur les ames sensibles SĂ©nac de Meilhan, ÉmigrĂ©,1797, p. 1911.Il faut tuer les gens qui n'ont pas vos idĂ©es? Sartre, Mains sales,1948, 5etabl., 2, p. 189.V. antipodique ex. 2, continuer ex. 12 et baigner ex. 9 26. Je pense quelquefois que, si les hommes du siĂšcle de Louis XIV pouvaient revenir au milieu de nous, avec leurs idĂ©es graves et leur forte raison, ils seraient bien Ă©tonnĂ©s de la maniĂšre dont on discute aujourd'hui les questions les plus importantes, et en vĂ©ritĂ©, j'ose croire qu'ils seraient moins frappĂ©s du progrĂšs des lumiĂšres que du progrĂšs des passions, et de l'affaiblissement des prĂ©jugĂ©s que de l'affaiblissement de l'intelligence. Lamennais, Lettres Cottu,1820, p. 100.♩ Entrer, ĂȘtre dans les idĂ©es de connaĂźt le prospectus, il entre dans les idĂ©es du marchand, il n'est pas fier Balzac, C. Birotteau,1837, p. 156.Vous savez, je ne vous suis guĂšre dans vos idĂ©es, dit Edmond. Je ne suis pas un partageux, et le socialisme me laisse sceptique Aragon, Beaux quart.,1936, p. 280.Tu m'as laissĂ© ĂȘtre des Ă©quipes de secours, oĂč il y avait un risque. Et tu m'interdis d'ĂȘtre de la rĂ©sistance, Ă  cause du risque. Est-ce que la rĂ©sistance ne serait pas dans tes idĂ©es? Montherl., Demain,1949, I, 2, p. 714.SYNT. a Accepter, accueillir, adopter, analyser, combattre, heurter, partager, professer, propager, respecter, soutenir, faire triompher des idĂ©es; fixer les idĂ©es sur un sujet; se rallier Ă  des idĂ©es; convertir qqn Ă , exposer ses idĂ©es; ĂȘtre acquis, hostile, ouvert Ă , touchĂ© par, imprĂ©gnĂ©s des idĂ©es de qqn. b Attachement, fidĂ©litĂ© Ă  des idĂ©es; communion, divergence, Ă©change, sympathie d'idĂ©es. c IdĂ©es d'un artiste, d'un Ă©crivain, d'une classe sociale, d'une Ă©poque, d'une gĂ©nĂ©ration, d'un homme politique sur qqc. ou en matiĂšre de; idĂ©es d'Ă©galitĂ©, de fraternitĂ©, de justice, d'ordre, de revendication, de rĂ©volte, de tolĂ©rance. d IdĂ©es esthĂ©tiques, littĂ©raires, morales, philosophiques, politiques, scientifiques, sociales; idĂ©es bourgeoises, monarchistes, libĂ©rales, progressistes, rĂ©formistes, rĂ©publicaines; idĂ©es fortes, gĂ©nĂ©reuses, nobles, philanthropiques, romanesques; idĂ©es arrĂȘtĂ©es, avancĂ©es, courtes, Ă©troites, rĂ©trogrades, subversives; ĂȘtre large d'idĂ©es; idĂ©es actuelles, modernes, nouvelles, pĂ©rimĂ©es, traditionnelles; idĂ©es Ă  la mode, de l'ancien temps, d'un autre temps, qui n'ont plus cours; grandes, hautes, vieilles idĂ©es.− Abs., au plur. L'ensemble du mouvement intellectuel concernant une Ă©poque, une civilisation. Courant, mouvement, progrĂšs des idĂ©es. Dans l'histoire des idĂ©es et des mƓurs, Jean-Jacques peut bien aujourd'hui apparaĂźtre, en face des philosophes, comme un mainteneur de la sensibilitĂ© religieuse GuĂ©henno, Jean-Jacques,1952, p. 124.V. cĂŽtoyer ex. 2 27. C'est Ă©noncer une vĂ©ritĂ© dĂ©sormais banale que de dire que ce sont les idĂ©es qui mĂšnent le monde. C'est d'ailleurs dire plutĂŽt ce qui devrait ĂȘtre et ce qui sera, que ce qui a Ă©tĂ©. Il est incontestable qu'il faut faire dans l'histoire une large part Ă  la force, au caprice, et mĂȘme Ă  ce qu'on peut appeler le hasard, c'est-Ă -dire Ă  ce qui n'a pas de cause morale proportionnĂ©e Ă  l'effet. Renan, Avenir sc.,1890, p. 23.− En partic., abs., au plur. Écrivain, littĂ©rature, théùtre d'idĂ©es. Écrivain, littĂ©rature, théùtre dont l'objet est de dĂ©velopper des idĂ©es, des thĂšses. V. flatter ex. de Apoll., TirĂ©sias, 1918, p. 866 28. [Dans la littĂ©rature modern style] les chroniqueurs du temps distinguent un théùtre d'idĂ©es », un théùtre d'amour », et un théùtre gai » .... D'excellents techniciens [du théùtre d'idĂ©es »], doublĂ©s d'observateurs aigus, mettent en scĂšne les problĂšmes sociaux, font de la satire des mƓurs Ă©lectorales, des manigances financiĂšres, des abus coloniaux, des mariages d'argent, des dĂ©nis de justice, de la fausse noblesse, ou de l'Ă©ternel Don Juan. P. O. Walzer, Litt. fr., Le xxes., Paris, Arthaud, 1975, p. 97.− Au plur. cour. et au sing. littĂ©r.. Direction d'une pensĂ©e, systĂšme doctrinal, idĂ©ologie; le ou les principes qui est ou qui sont Ă  la base de cette pensĂ©e, de ce systĂšme, de cette idĂ©ologie. L'idĂ©e monarchiste, rĂ©publicaine. L'idĂ©e fouriĂ©riste LittrĂ©. Dans cette insouciance du pays pour Charles X, il y a autre chose que de la lassitude il y faut reconnaĂźtre le progrĂšs de l'idĂ©e dĂ©mocratique et de l'assimilation des rangs Chateaubr., MĂ©m., t. 3, 1848, p. 670.Ce qui ruinerait l'idĂ©e marxiste, ce serait de vouloir que le progrĂšs technique ait dĂ©terminĂ© par lui-mĂȘme tous les changements de l'ordre moral Alain, Propos,1933, p. 1150 29. Quand l'idĂ©e de la palingĂ©nĂ©sie du monde se rĂ©pandit parmi les Juifs, toutes ces peintures d'un monde renouvelĂ©, d'une JĂ©rusalem nouvelle, vinrent s'appliquer Ă  cette palingĂ©nĂ©sie du monde, et donnĂšrent Ă  l'idĂ©e juive une prĂ©cision, une nettetĂ© comparable Ă  celle qui peut rĂ©sulter pour nous de la vue des choses manifestĂ©es et prĂ©sentes. P. Leroux, HumanitĂ©, t. 2, 1840, p. 720.− Au sing. ManiĂšre particuliĂšre de concevoir la vie, la sociĂ©tĂ©, la civilisation, que l'on Ă©rige en norme d'action ou que l'on donne pour but Ă  ses pensĂ©es et Ă  ses actes. Synon. y avait dans la Convention une volontĂ© .... Cette volontĂ© Ă©tait une idĂ©e indomptable et dĂ©mesurĂ©e qui soufflait dans l'ombre du haut du ciel. Nous appelons cela la rĂ©volution Hugo, Quatre-vingt-treize,1847, p. 188.Cet homme qui passait le premier, ce n'Ă©tait pas pour de l'argent qu'il venait tuer ceux qui se traĂźnaient lĂ -haut, c'Ă©tait pour une idĂ©e, pour une foi Malraux, Cond. hum.,1933, p. 385 30. Depuis son enfance qu'elle avait passĂ©e sous le chevet rose, vert et jaune de santa Maria del Fiore, elle Ă©tait habitĂ©e par l'idĂ©e monastique. Elle ignorait toute passion. C'est pourquoi elle avait choisi l'ordre le plus secret et le plus paisible, la Visitation de Mantoue. Jouve, Paulina,1925, p. Se dĂ©vouer Ă , mourir pour, se sacrifier Ă , servir une idĂ©e; ĂȘtre animĂ©, mĂ» par une idĂ©e; incarner une idĂ©e; l'idĂ©e chrĂ©tienne, rĂ©publicaine, alimenter, inculquer l'idĂ©e rĂ©volutionnaire, une idĂ©e humanitaire; une idĂ©e juste; une belle idĂ©e.♩ Au sing., abs., vx. ,,Ensemble idĂ©al des aspirations du gĂ©nie et de l'Ă©poque`` LittrĂ©. Les penseurs sont les serviteurs de l'idĂ©e LittrĂ© 31. Soyons frĂšres; ayons L'Ɠil fixĂ© sur l'IdĂ©e, ange aux divins rayons. L'idĂ©e, Ă  qui tout cĂšde et qui toujours Ă©claire Prouve sa saintetĂ© mĂȘme dans sa colĂšre! Hugo, ChĂątim.,1853, p. − Seulement au sing., souvent pop. et fam. L'esprit qui conçoit. Synon. imagination, intelligence, restait enfant trĂšs tard, ce qui impatientait Cadine. Il n'avait pas plus d'idĂ©e qu'un chou, disait-elle Zola, Ventre Paris,1873, p. 766.Soudain, et de concert, ils laissĂšrent tomber leurs bras au long de leurs cuisses, et s'interrogĂšrent jusque dans l'Ăąme et jusque dans l'idĂ©e Cladel, Ompdrailles,1879, p. 277.− [Le plus souvent prĂ©cĂ©dĂ© de Ă , dans, de, en avec ou sans dĂ©terminant] Se mettre qqc. dans l'idĂ©e; cela m'est sorti de l'idĂ©e; on ne m'ĂŽtera pas cela de l'idĂ©e. Il me vint en idĂ©e de me mĂ©nager un asile contre le dĂ©sespoir Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 91.Ma rĂ©solution Ă©tait prise et rien ne pouvait plus m'en faire changer. Il me vint bien Ă  l'idĂ©e que je pouvais ne pas ĂȘtre dans mon droit, mais je me moquai bien de cette idĂ©e A. France, Bonnard,1881, p. 473.J'ai dĂ©jĂ  dans l'idĂ©e un autre article sur un sujet merveilleux l'idĂ©e de continuitĂ© et ses applications dans l'art contemporain RiviĂšre, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 123.− Loc. diverses♩ En idĂ©e. [P. oppos. Ă  en fait, en rĂ©alitĂ©] Synon. en est si doux, parmi les dĂ©senchantements de la vie, de pouvoir se reporter en idĂ©e sur de nobles caractĂšres, des affections pures et des tableaux de bonheur Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 95.♩ Fam. Dans + adj. poss. + + adj. poss. + conception des choses. J'suis pas mariĂ© Ă  la mairerie... Mais j'suis mariĂ©... dans mon idĂ©e Benjamin, Gaspard,1915, p. 14.♩ Fam. Avoir l'idĂ©e Ă  qqc. Synon. avoir l'esprit, la tĂȘte Ă  qqc.; prĂȘter attention Ă  n'avait plus du tout l'idĂ©e aux femmes, parce qu'il faisait dĂ©jĂ  trĂšs froid; mais on rĂȘvait Ă  des choses incohĂ©rentes ou merveilleuses, comme dans le sommeil Loti, PĂȘch. Isl.,1886, p. 185.♩ Abs., pop. et fam. Avoir de l'idĂ©e. Être intelligent, avoir l'esprit plein de ressources. Caporal, demanda Pache, d'une voix un peu tremblante, vous qui avez de l'idĂ©e, si vous pouviez le tuer sans lui faire du mal? Zola, DĂ©bĂącle,1892, p. 450.Tu comprends, lui dit-il amicalement, t'as de l'idĂ©e, mais tu gueules pas assez DorgelĂšs, Croix de bois,1919, p. 28.II. − PHILOSOPHIEA. − [Souvent avec majuscule] Norme idĂ©ale, absolue, forme de la [Chez Platon et ses hĂ©ritiers] Ce qui appartient au domaine de l'intelligible et qui seul possĂšde la perfection Ă©ternelle et la rĂ©alitĂ© absolue. Le monde des IdĂ©es. Il [Platon] pose le monde des idĂ©es de façon que nous n'en soyons que la dĂ©gradation Du Bos, Journal,1924, p. 19.La philosophie platonicienne de l'IdĂ©e philosophie oĂč les IdĂ©es ... sont regardĂ©es comme des sortes d'entitĂ©s, existant sĂ©parĂ©ment des objets singuliers pour lesquels elles jouent le rĂŽle de paradigmes R. BlanchĂ©, La Log. et son hist., Paris, A. Colin, 1970, p. 22.V. archĂ©type ex. 2, abstraction ex. 19 et Ăąme ex. 32 32. La thĂ©orie platonicienne des idĂ©es peut ĂȘtre, au moment de la RĂ©publique, ramenĂ©e Ă  ces quatre formules les idĂ©es sont l'ĂȘtre; elles sont identiques et absolument distinctes; l'ĂȘtre est intelligible; l'ĂȘtre intelligible procĂšde de l'idĂ©e de bien. H. D. Gardeil, Les Étapes de la philos. idĂ©aliste, Paris, Vrin, 1935, p. 19.− P. ext., lang. cultivĂ©e. Type idĂ©al créé par l'esprit. Synon. sƓur divine ... ĂŽ fleurie, ĂŽ transfigurĂ©e! Tu n'es plus la petite Asiatique dont je fis ton modĂšle indigne. Tu es son idĂ©e immortelle, l'Ăąme terrestre de l'AstartĂ© qui fut gĂ©nitrice de sa race Louÿs, Aphrodite,1896, p. 41.♩ LITT. symbolisme. Forme Ă©ternelle de toute chose. Le poĂšte mallarmĂ©en ne prĂ©cipite toute matiĂšre dans le non-ĂȘtre que pour laisser subsister l'idĂ©e de l'objet disparu, sa forme seule parfaite, son essence immuable BĂ©guin, Âme romant.,1939, p. 382 33. Le PoĂšte pieux contemple; il se penche sur les symboles, et silencieux descend profondĂ©ment au cƓur des choses, − et quand il a perçu, visionnaire, l'IdĂ©e, l'intime Nombre harmonieux de son Être, qui soutient la forme imparfaite, il la saisit, puis, insoucieux de cette forme transitoire qui la revĂȘtait dans le temps, il sait lui redonner une forme Ă©ternelle, sa Forme vĂ©ritable enfin, et fatale − paradisiaque et cristalline. Gide, TraitĂ© Narcisse,1891, p. [Chez Kant; p. oppos. Ă  catĂ©gorie ou concept de l'entendement] IdĂ©e ou IdĂ©e a priori ou transcendantale; idĂ©es de la Raison pure. Concept nĂ©cessaire de la raison pure auquel ne peut correspondre aucun objet donnĂ© par les sens et qui rĂ©pond Ă  l'exigence d'unification de tous nos raisonnements. Les idĂ©es ne sont autre chose que des catĂ©gories pures Ă©levĂ©es Ă  l'absolu, et capables de se rapporter aux catĂ©gories ordinaires, de maniĂšre Ă  en prolonger sans limites l'application Ă  des objets d'expĂ©rience V. Delbos, La Philos. pratique de Kant, Paris, Alcan, 1926 [1905], p. 203 34. Les principes absolus, qui contiennent la totalitĂ© des conditions pour un conditionnĂ© donnĂ©, c'est-Ă -dire, au fond, qui contiennent l'inconditionnĂ©, ces principes sont l'Ɠuvre d'une autre facultĂ© que l'entendement. Kant les appelle idĂ©es transcendantales et les rapportent Ă  la raison. R. Verneaux, Les Sources cartĂ©siennes et kantiennes de l'idĂ©alisme fr., Paris, Beauchesne et fils, 1936, p. [Chez Hegel; p. oppos. Ă  concept subjectif] PensĂ©e absolue, objective, en soi, dont procĂšdent par dĂ©veloppement dialectique la Nature et l'Esprit d'apr. Foulq. 1971. La Nature est un moment de la vie de l'IdĂ©e, le moment oĂč elle s'extĂ©riorise avant de s'intĂ©rioriser dans l'Esprit E. BrĂ©hier, Hist. de la philos., Paris, 1968 [1932], tome 2, fasc. 3, p. 660 35. L'IdĂ©e [it. ds le texte], catĂ©gorie dans et par laquelle le concept de la subjectivitĂ© transcendantale et l'objectivitĂ© des sciences » se saisissent dans leur identitĂ© profonde et, du mĂȘme coup, dĂ©finissent libertĂ© et rationalitĂ© comme Ă©tant des termes exactement interchangeables. F. Chatelet, Hegel, Paris, Seuil, 1969, p. − Objet d'une certaine connaissance; simple mode de la [Chez Descartes et ses hĂ©ritiers] Ce qui est conçu immĂ©diatement par l'esprit. IdĂ©e adĂ©quate, adventice, claire, confuse, distincte, factice, innĂ©e, obscure. L'idĂ©e est une dĂ©termination de la pensĂ©e; elle est donc le premier objet immĂ©diatement connu R. Verneaux, Les Sources cartĂ©siennes et kantiennes de l'idĂ©alisme fr., Paris, Beauchesne et fils, 1936p. 122 36. Il [Descartes] abandonne mĂȘme le sens scolastique du mot idĂ©e signifiant les archĂ©types Ă©ternels par lesquels Dieu pense les choses pour dĂ©signer par idĂ©es les modes de la pensĂ©e humaine. L'idĂ©e est donc, chez Descartes, d'Ă©toffe mentale. F. AlquiĂ©, La DĂ©couverte mĂ©taphysique de l'homme chez Descartes, Paris, 1966 [1950], p. [DĂ©r. de 1; p. oppos. Ă  image] IdĂ©e ou IdĂ©e gĂ©nĂ©rale. ReprĂ©sentation intellectuelle, abstraite, gĂ©nĂ©rale, d'un objet. Synon. y a deux maniĂšres de modifier une idĂ©e, savoir dans sa comprĂ©hension ou dans son extension Destutt de Tr., IdĂ©ol. 2,1803, p. 104.V. abstrait ex. 3 et 4 37. Une idĂ©e gĂ©nĂ©rale est toujours une idĂ©e abstraite, et il n'existe pas d'idĂ©e abstraite qui ne soit abstraite d'une sĂ©rie d'expĂ©riences humaines. Gaultier, Bovarysme,1902, p. 113.− [Le plus souvent suivi de de + subst.] L'idĂ©e d'Ă©ternitĂ©, d'homme, de justice, de mouvement, de nature, de puissance, de quantitĂ©, de substance. Il suffit d'analyser l'idĂ©e de cause dans ses usages contemporains pour voir combien elle conserve de traces de ses diversitĂ©s originelles Lalande, Raison et normes,1948, p. 58.V. amoral ex. 6.♩ [Emploi didactique principalement dans les travaux universitaires] R. Folz, L'IdĂ©e d'empire en Occident du veau xivesiĂšcle. Paris, Aubier, 1953. Cf. Ă©galement supra I B ex. de premier terme de mots composĂ©s liĂ© ou non au second terme par un trait d' Le second terme dĂ©signe α La nature ou l'Ă©lĂ©ment moteur de l'idĂ©e. Je vous donne pour gage de ma foi, le spectacle inconnu au monde d'un roi acceptant le sacerdoce de l'Ă©poque nouvelle, apĂŽtre armĂ© de l'idĂ©e-peuple, architecte du temple de la Nation Sand, MĂ©l.,1843, p. 278.La rĂ©publique, votre foi, votre idĂ©e-patrie, puise une vie nouvelle dans vos tortures Hugo, Actes et par. 2,1875, p. 52. ÎČ L'objet, la destination de l'idĂ©e, en partic., dans le vocab. de la publicitĂ©. IdĂ©es-vacances spĂ©ciales-zone-franc-tout-compris PublicitĂ© Air-France ds cadeau peut-ĂȘtre pas totalement nouvelle mais vraiment jolie, une gourmette de bĂ©bĂ© en or, Ă  chaĂźnette Elle,4 dĂ©c. 1972, p. 136.b Le second terme α SpĂ©cifie la nature ou le type particulier de l'idĂ©e. Le mot est cet ĂȘtre Ă©trange une idĂ©e-chose. Il possĂšde Ă  la fois l'impĂ©nĂ©trabilitĂ© de la chose et la transparence de l'idĂ©e, l'inertie de la chose et la force agissante de l'idĂ©e Sartre, Sit. I,1947, p. 221.En face d'un rĂȘveur de pensĂ©es savantes, comme fut Robinet, qui organise ses idĂ©es-visions en systĂšme, un psychanalyste habituĂ© Ă  dĂ©lier des complexes familiaux serait bien inopĂ©rant Bachelard, PoĂ©t. espace,1957, p. 113.V. Ă©clair C ex. de Benda, Fr. byz., 1945, p. 245. En aux qualitĂ©s premiĂšres des corps, parmi elles il en est une, savoir la figure, qui semble propre Ă  ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par l'idĂ©e-image; et en effet il est certain que l'apparence visible, la figure des corps extĂ©rieurs placĂ©s devant nous, devant l'organe de la vision, se peint sur la rĂ©tine Cousin, Hist. philos. xviiies., t. 2, 1829, p. 359.PHILOS., PSYCHOL. Cette unitĂ© indissoluble du penser et de l'agir est la loi psychologique d'importance capitale que nous rĂ©sumons par le terme idĂ©e-force. Tout Ă©tat de conscience est idĂ©e en tant qu'enveloppant un discernement quelconque, et il est force en tant qu'enveloppant une prĂ©fĂ©rence quelconque; si bien que toute force psychique est, en derniĂšre analyse, un vouloir A. FouillĂ©e, La Psychol. des idĂ©es-forces, Paris, Alcan, tome 1, 1893, p. X. ÎČ Qualifie l'idĂ©e en prĂ©cisant sa fonction. ArrĂȘtons-nous donc au moins un moment, Ă  examiner ce qui rĂ©sulte de cette idĂ©e premiĂšre dont toutes les autres suivent, de cette idĂ©e-principe dont nous ne pouvons que tirer des consĂ©quences, de cette idĂ©e mĂšre dont nous ne faisons que recueillir les productions Destutt de Tr., IdĂ©ol. 3,1805, p. 497.L'idĂ©e-levier de ce charmant esprit? C'est de se faire installer une vĂ©randa Ă  Vernon Renard, Journal,1901, p. 644.Le cube Ă  six faces Ă©gales est l'idĂ©e-limite par laquelle j'exprime la prĂ©sence charnelle du cube qui est lĂ , sous mes yeux, sous mes mains, dans son Ă©vidence perceptive Merleau-Ponty, PhĂ©nomĂ©nol. perception,1945, p. 236.L'idĂ©e-clef de l'habitude, la rĂšgle eidĂ©tique qui commande toute enquĂȘte empirique, est que le vivant apprend » par le temps RicƓur, Philos. volontĂ©,1949, p. 264. adj. et subst.,domaine des a Adj. Dont le but est l'expression de l'idĂ©e ou des idĂ©es. En exprimant le programme de la nouvelle Ă©cole, dans un article cĂ©lĂšbre du Mercure de France, Albert Aurier ne faisait autre chose que rĂ©sumer Delacroix L'Ɠuvre d'art, disait-il Ă  son tour, sera idĂ©iste, puisque son idĂ©al unique sera l'expression de l'idĂ©e; symboliste puisqu'elle exprimera cette idĂ©e par des formes... » Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 269.b Subst. α Subst. fĂ©m. École de peinture d'aprĂšs laquelle l'Ɠuvre d'art est ou doit ĂȘtre l'expression de l'idĂ©e ou des idĂ©es. Ces deux ... esthĂ©tiques rivales, la naturaliste et l'idĂ©iste, l'une professant que l'extĂ©rioritĂ© des choses est, en elle-mĂȘme, intĂ©ressante et suffisante Ă  l'Ɠuvre d'art; l'autre, l'idĂ©iste, niant, au contraire, cela et ne voulant considĂ©rer les formes matĂ©rielles que comme les lettres d'un mystĂ©rieux alphabet naturel servant Ă  Ă©crire les idĂ©es, seules importantes, puisque l'art n'est qu'une matĂ©rialisation spontanĂ©e et harmonieuse des idĂ©es J. Huret, EnquĂȘte sur l'Ă©volution littĂ©raire,1891, p. 131 ds Quem. DDL t. 13. ÎČ Subst. masc. Peintre reprĂ©sentant cette Ă©cole. On annonce un nouveau Salon des Impressionnistes, ..., un des Symbolistes, et ... celui des IdĂ©istes Le Journ. amusant,9 janv. 1892ds Quem. DDL t. 17.Prononc. et Orth. [ide]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a 1119 idees formes des choses prĂ©sentes de toute Ă©ternitĂ© en Dieu » Ph. de Thaon, Comput, Ă©d. E. Mall, 1523; 1370-72 ydee archĂ©type commun constituant la notion gĂ©nĂ©rale d'une espĂšce; notion intellectuelle prĂ©existante d'un ĂȘtre ou d'un objet particulier » Oresme, Ethiques, Ă©d. A. D. Menut, p. 113; b 1458 ydees types, prĂ©existant dans notre intention, d'une action que nous ferons plus tard » A. Greban, MystĂšre de la Passion, Ă©d. O. Jodogne, 48; 1670 projet, dessein » MoliĂšre, Amants magnifiques, 2. a 1487 forme ou image » Vocabulaire latin-français, Loys Garbin, idea; b 1552 image d'un objet ou d'un ĂȘtre, telle que les sens la perçoivent » Ronsard, Les Amours, 13 ds ƒuvres, Ă©d. P. Laumonier, IV, p. 30; c 1564 image de quelque chose ou de quelqu'un, telle que l'esprit la conserve dans le souvenir et se la reprĂ©sente par l'imagination » Thierry; 3. a 1583 reprĂ©sentation, en tant qu'objet de pensĂ©e, d'un ĂȘtre ou d'une chose dans notre esprit, quelle que soit l'origine de cette reprĂ©sentation Ph. Desportes, ElĂ©gies, Ă©d. V. E. Graham, II, 5; b 1656 ensemble de pensĂ©es et de jugements appliquĂ© Ă  un ou plusieurs objets et constituant une opinion plus ou moins motivĂ©e » Pascal, Provinciales, XIV ds ƒuvres compl., Ă©d. L. Lafuma, p. 439b. B. a 1616 par idee de façon imaginaire » A. d'AubignĂ©, Tragiques, Ă©d. A. Garnier et J. Plattard, II, p. 86, 1178; b 1643 en idĂ©e id. » P. Corneille, La suite du Menteur, II, 1. Du lat. idea idĂ©e [de Platon], type de choses » en lat. tardif forme visible » d'oĂč 2, lui-mĂȘme empr. au gr. Îč ̓ ÎŽ Δ ́ α proprement forme visible, aspect » d'oĂč forme distinctive, espĂšce », qui se rattache Ă  Îč ̓ ÎŽ Δ Îč ̃ Μ comme le lat. species Ă  spectare, inf. aoriste2de Δ Îč ̃ ÎŽ Îż Μ voir »; pour l'hist. de ce mot v. FEW t. 4, pp. 532-535. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 47 911. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 85 873, b 59 538; xxes. a 61 944, b 61 326. Bbg. Gohin 1903, p. 247, 336. - Meschonnic H.. Essai sur le ch. lex. du mot idĂ©e. Cah. Lexicol. 1964, t. 5, pp. 57-68. - Quem. DDL t. 9, 12, 13, 17. - Sckomm. 1933, pp. 53-60 - Zumthor P.. Pour une hist. du vocab. fr. des idĂ©es. Z. rom. Philol. 1956, t. 72, p. 350.

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